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Parti Republicain Haitien
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  • Le Parti Républicain Haïtien est une Organisation Politique du Centre Droit vers la Droite, attachée aux valeurs républicaines et universelles du Vivre-Ensemble, en vue de l’établissement, du fonctionnement et du renforcement de l’état de droit.
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24 août 2020

DÉCLARATION DE ME FRANCISCO RENE, PRÉSIDENT DES REPUBLICAINS SUR LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE TRAITE NÉGRIÈRE

 

Me Francisco Banniere

DÉCLARATION DE ME FRANCISCO RENE, PRÉSIDENT DU PARTI REPUBLICAIN HAITIEN, SUR  LA JOURNEE INTERNATIONALE DE  LA TRAITE NÉGRIÈRE ET DE SON ABOLITION.

Chers Compatriotes

Le Dimanche 23 août  2020 a marqué  les 22 ans de “la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition ”  instituée par l’UNESCO en 1998  pour «marquer le rôle déterminant de cette révolte dans l’abolition de la traite négrière».

En ce jour d'hommage solennel de la Nation, nous devons tous avoir à l'esprit les valeurs qu'incarne notre République, valeurs dont nous devons être fiers.

C'est au nom de ces valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité que des femmes et des hommes se sont battus pour faire abolir l'esclavage.

Regardons cet élément tel qu’il a été façonné. Regardons-le lucidement car c'est le rêve de nos ancêtres. Le rêve haïtien.

À partir de 1697, Haïti était une colonie française portant le nom de Saint Domingue.  Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, elle était la colonie la plus riche du monde, exportant du sucre, du café et de l’indigo vers la France.  Des hommes, des femmes et des enfants réduits en esclavage produisaient cette richesse dans le cadre d’un système d’esclavage incroyablement violent, réglementé et légitimé par le Code noir de Louis XIV.  Le taux de mortalité parmi les esclaves était si élevé que les Français importaient constamment de nouveaux captifs pour travailler dans les plantations.  À tout moment, environ deux tiers de la population esclave était née en Afrique.

En 1791, les esclaves des plaines sucrières du nord de Saint Domingue se sont soulevés dans une rébellion coordonnée pour détruire l’esclavage français.  C’est ainsi qu’a débuté l’événement qui a duré 13 ans et qui est connu sous le nom de Révolution haïtienne.  En 1793, les rebelles se sont libérés en forçant les commissaires coloniaux à abolir l’esclavage dans toute la colonie.  La colonie a alors envoyé une délégation à l’Assemblée nationale française pour convaincre le gouvernement français d’abolir l’esclavage dans tout l’Empire.  “La Convention nationale déclare que l’esclavage des noirs est aboli dans toutes les colonies, en conséquence, elle décrète que tous les hommes, sans distinction de couleur, vivant dans les colonies sont citoyens français et jouiront des droits garantis par la constitution”, écrit l’Assemblée.  C’est la première fois que la France abolit l’esclavage, une concession offerte pour conserver la précieuse colonie au sein de l’Empire.  Mais cela ne durera pas.

En 1799, Napoléon Bonaparte s’est établi comme premier consul de France et s’est montré déterminé à freiner l’autonomie croissante de Saint-Domingue sous le leader révolutionnaire et gouverneur colonial Toussaint L’Ouverture, qui a publié la constitution coloniale de 1801 qui “abolissait à jamais” l’esclavage.

Bonaparte envoie une armée pour rétablir l’ordre colonial à Saint-Domingue.  Son beau-frère, Charles Leclerc, a mené l’effort de déportation de Toussaint Louverture et a mené une “guerre d’extermination”.

“Voici mon opinion sur ce pays”, écrit Leclerc dans une lettre à Bonaparte le 7 octobre 1802, “nous devons détruire tous les noirs des montagnes – hommes et femmes – et n’épargner que les enfants de moins de douze ans.  Nous devons détruire la moitié de ceux qui se trouvent dans les plaines et ne pas laisser dans la colonie une seule personne de couleur qui ait porté une épaulette”.

Ainsi, la première abolition française s’est rapidement terminée.  Le retour de Bonaparte à l’ordre colonial inclut l’esclavage et, en 1802, il rétablit l’esclavage dans les autres colonies françaises des Caraïbes.  Mais les rumeurs selon lesquelles la France rétablirait l’esclavage à Saint-Domingue ont déclenché la guerre pour l’indépendance d’Haïti en octobre 1802.

Un peu plus d’un an plus tard et sous le slogan “La liberté ou la mort”, Jean-Jacques Dessalines mène l’armée révolutionnaire à la victoire.  Le 1er janvier 1804, Dessalines déclare l’indépendance d’Haïti, promettant aux Haïtiens “d’assurer à jamais l’empire de la liberté dans le pays qui nous a donné naissance ; nous devons saisir du gouvernement inhumain qui nous a longtemps maintenus dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nous ré-asservir ; nous devons alors vivre indépendants ou mourir”.

Dès le premier jour de son existence, Haïti a interdit l’esclavage.  C’est le premier pays à l’avoir fait.  L’année suivante, Haïti a publié sa première constitution.  L’article 2 stipulait : “L’esclavage est aboli à jamais.”  En abolissant l’esclavage dans son intégralité, Haïti a également aboli la traite des esclaves, contrairement à l’approche en deux temps des nations européennes et des États-Unis.

A l’initiative des révolutionnaires à Saint-Domingue, la France avait aboli l’esclavage, mais elle l’a rapidement rétabli et a relancé la traite des esclaves en 1802.  Les Britanniques, dont beaucoup vantent leur rôle de premier plan dans l’abolition, ont aboli la traite des esclaves en 1807, mais n’ont adopté la loi d’abolition qu’en 1833 et ont continué à réduire les gens en esclavage dans les Caraïbes jusqu’en 1838.  Et même alors, la loi d’abolition a été stimulée par une rébellion majeure en Jamaïque en 1831, 1832.

Les Haïtiens, en revanche, ont forcé l’un des plus puissants empires européens du XVIIIe siècle à abolir l’esclavage et ont ensuite protégé cette abolition en déclarant leur indépendance.  Les révolutionnaires haïtiens ont été les architectes de l’abolition française de 1793 et de 1794 et ont fondé un État abolitionniste sur le continent américain en 1804.

Mes amis, l'histoire de l'esclavage, c'est l'histoire du combat pour la liberté et pour l'égalité des noirs et des affranchis mulâtres contre les blancs, les négociants  et certains conservateurs politiques de l'époque.

Des hommes et des femmes ont fait honneur aux valeurs de la République, Boukman, Romaine le prophète, Hyacinthe, Georges Biassou, Jean-François, Toussaint Louverture, Jean Jacques Dessalines, François Capois, Henry Christophe, Alexandre Pétion ,Sanité Bélair de son vrai nom Suzanne Bélair,... certains d’entre eux, ils étaient esclaves. Et ils ont été les premiers à combattre leur oppression. Elles ont été longues ces années de lutte pour mettre un terme à ce qui n'est rien d'autre qu'un crime contre l'humanité. Certains combats ont marqué les esprits, comme celui de Boukman le 14 aout 1791, celui de Toussaint Louverture au côté des Espagnols. L'esclavage est une blessure. C'est une blessure profonde qui pèse encore sur nos consciences. Les mémoires portent le poids de cette histoire. Et je sais bien qu'il existe encore aujourd'hui, des inégalités qui trouvent leurs origines dans cet héritage si douloureux.

Ayons le courage d'en parler pour assumer ensemble notre histoire, elle fait partie de nous. Elle est intrinsèquement partie de notre avenir de peuple. De cette histoire nous devons pouvoir tout dire.

Refuser la compréhension de notre propre passé  c’est refuser d’être le peuple libre  et digne de notre histoire de peuple noire fier. De génération en génération, nous devons conserver cette histoire dignement et fièrement ;  des territoires qui ont connu l'esclavage comme nous, ils se sont fiers de leur histoire, les pays comme les Etats- unis, le Venezuela, la France, autres, ils ont subis les violences de l’esclavage, mais ils sont fiers de leur histoire. En effet, c’est à partir de cette histoire douloureuse, la République s'est construite.

Elle s'est construite sur ces valeurs d'humanité et de respect de l'Homme. De cette histoire sont nées des cultures, des cultures au pluriel, qui font partie de notre culture commune, au singulier. La littérature qui en découle est devenue une référence pour le monde.

Au moment où je vous parle, je pense à Anténor Firmin qui défend l’égalité des races humaines en tant qu’Anthropologue positif. Nous garderons dans nos mémoires et dans nos cœurs son souvenir et son empreinte sur notre histoire et plus loin encore je pense au progressiste martiniquais, Aimé Césaire.

Sa mise en garde continue d'ailleurs à nous interpeller. Il affirmait qu' : « une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente. Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte. Une civilisation qui ruse avec ses principes est une civilisation moribonde ».

L'émotion provoquée par la disparition de ces hommes montre à quel point nous sommes toujours à la recherche de notre propre histoire.
Cette histoire doit être inscrite dans les manuels scolaires afin que nos enfants puissent comprendre ce qu'a été l'esclavage : afin que nos enfants puissent mesurer les souffrances que l'esclavage a engendré, les blessures qu'il a laissées dans l'âme de tous ceux que rien ne peut délier de ce passé tragique.

La traite des Noirs, l'esclavage, ainsi que leur abolition, seront donc introduites dans les  programmes de l'école primaire dès que nous arrivons au pouvoir en 2022.
Je souhaite également que cette histoire puisse être abordée à partir de l'étude d'œuvres littéraires, comme celles d’Anténor Firmin, de Jean Price-mars, de Jacques Roumain, de René Depestre, de Jacques Stephen Alexis, d'Aimé Césaire, et donc c'est dans le cadre des nouveaux programmes du collège et du lycée que je souhaite l'inscription des œuvres de ces hommes.

Et voyez-vous, dans mon esprit en tant que Président des républicains et futur président de la république, j'ai à cœur en décidant cela que les haïtiens comprendront, comprennent cette partie de leur histoire dans ses dimensions géographiques, culturelles, économiques et sociales parce que cette histoire a plusieurs dimensions même si c'est la même tragédie. Et parce que les Haïtiens l'auront comprise, cette histoire, alors, elle deviendra notre histoire commune. L'histoire de tous les haïtiens, pas simplement l'histoire d'une partie d'entre eux. Et ainsi me semble-t-il, nous pourrons entretenir de façon lucide et apaisée, dans mon esprit ces deux mots ont un sens, parce que cette lucidité nous la devons à ceux qui souffrent. C'est l'ensemble de la société qui s'en trouvera apaisé.
Je voudrais que l'on mette cette lucidité au service de l'apaisement. Et ainsi nous verrons lucidement et de façon apaisée la mémoire de l'esclavage. Le devoir de mémoire ne peut souffrir des concurrences et des clivages. Il ne peut pas y avoir de clivages. Le devoir de mémoire doit nous rassembler.

Dans le gouvernement républicain, nous porterons une attention spéciale et substantielle à la portée de la commémoration de la journée internationale du 23 aout. Mais je tiendrai fort la date commémorative locale, date faisant partie intégrante de notre culture. Je le ferai car je sais l'attachement que vous portez au respect de cette date qui est liée à l'histoire de chacun de vous.

Chers amis, Je vous promets dès mon arrivée au pouvoir, je vais donc faire la commémoration nationale du 14 aout une priorité, mais qu'en même temps la date du 23 août “la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition” une marque de grandeur sur tout le territoire haïtien pour marquer le rôle déterminant de cette révolte dans l’abolition de la traite négrière transatlantique.

Que l'on me comprenne bien : ce n'est pas parce que je m'y suis engagé que je le ferai. C'est parce que je crois que c'est juste, que je m'y suis engagé, et donc que je le ferai quand je serai président. C'est dans cet ordre-là, que nous les républicains nous comprenons la gestion de l’Etat ainsi que le gouvernement.

Dans le même esprit, nous aurons à instituer un Centre National de Ressources sur l'histoire de l'esclavage. Il sera sous la tutelle du Ministère de la Culture et conduit par des historiens, des écrivains et toute la communauté scientifique, je le promets et sur mon administration, il verra le jour dès les 18 mois de mon installation.

Je veux que vous sachiez mes amis que cette célébration ne doit pas être seulement un rappel historique. Cette célébration doit être, pour nous, l'occasion de dire qu'hélas l'asservissement existe toujours dans nos sociétés, sur presque tous les continents. Des millions de personnes sont encore victimes de la traite et elles demeurent privées de liberté, soumises à des conditions d'exploitation brutales. Je veux que ces formes modernes d'esclavage cessent chez nous, en Haïti. Et je pense à ce moment à la tragédie que vit le peuple haïtien, où l’intempérie du dimanche 23 aout 2020 a causé des dégâts énormes sur la population haïtienne, aucune aide n’a été apportée à la population victime. Et où un gouvernement éminemment condamnable en est incapable d’empêcher ces dégâts et d’en venir en aide de la population sinistrée, pour permettre de soulager la misère provoquée par ce cyclone qui a créé des morts et des dizaines de milliers de sans-abri. Et d'une certaine façon il y a un lien à ce que nous célébrons aujourd'hui. Et la douleur de constater qu'au XXIème siècle, le gouvernement haïtien est incapable de porter secours à des femmes, des hommes et des enfants de sa communauté, comme vous, comme nous, ravagés par la nature et qui ont de surcroît la douleur d'avoir un gouvernement qui se consent seulement jouir des bienfaits de la communauté.


Il n'y aura pas de paix dans le monde si nous transigeons avec le respect de la dignité humaine. En cette année de célébration du 72ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, les jeunes d’Haïti doivent s’engager à défendre l'universalité des droits de l'homme face aux tentations relativistes auxquelles succombent certains, au nom de traditions historiques dévoyées. Au nom de traditions culturelles caricaturées, au nom de traditions religieuses qui n'ont jamais existé.

 Les droits de l'homme ne doivent pas être un privilège réservé aux plus riches. Ils sont la condition de l'émancipation du développement.

A vous tous républicains, à vous jeunesse du Parti Républicain Haïtien et de la diaspora, à toute la jeunesse de la communauté haïtienne  qui nous écoute, je veux dire que Haïti, en commémorant cette journée, entend montrer à quel point le combat pour la liberté de tous les hommes reste profondément d'actualité. Je vous remercie chers compatriotes et je dis à la jeunesse haïtienne : « n’ayez pas peur, continuez à vous engager pour maintenir le rêve haïtien, vous êtes le rêve haïtien ! Ne lâchez rien ». Nous serons à vos côtés.

Vive Haïti ! vive la République !

Que Dieu Bénisse Haïti !

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